roman chapitre IV suite

Chapitre IV suite

Le lendemain ils avaient prévu une longue balade de toute la journée qui devait leur faire découvrir une vallée creusée par un torrent qui descendait d’un lac d’altitude par une magnifique cascade. A l’heure chaude, ils trouvèrent refuge  dans la galerie extérieure d’une petite chapelle solitaire et un peu à l’abandon où l’ombre était douce et agréablement ventilée. Les dalles manquaient de moelleux, mais ils y installèrent leur duvet et c’était royal.

Maurice n’avait pas beaucoup plus d’idées que la veille au soir, mais il avait été scout et «tenait toujours ses promesses » et il se lança bravement …  Sans remonter au déluge (d’ailleurs justement, le déluge, elle en avait entendu parler), il lui expliqua que la vie de Jésus (qui n’avait jamais rien écrit lui-même) avait été mise par écrit plusieurs décennies après sa mort, par des apôtres et que les premiers disciples du Christ avaient assez rapidement essaimés à partir de Jérusalem . Il lui raconta l’histoire de Paul et comment il « instruisait » à distance les communautés qu’il avait créées, par l’envoi de lettres dont certaines étaient parvenues jusqu’à nous. Cà impressionna beaucoup Laetitia de voir tous ces voyages et surtout ces échanges de lettres, alors que les communications étaient plutôt compliquées. « Ah ! Si Internet avait existé, St Paul aurait pu « enseigner » un plus grand nombre de communautés », plaisanta Laetitia. «  Ouais, il aurait une page Facebook, il twitterait tous les matins et utiliserait Instagram pour partager ses voyages » renchérit Maurice.

« Alors maintenant tu peux m’expliquer pourquoi ton bouquin cite une lettre de Saint Paul »

« Parce que le titre de ce chapitre IV c’est l’Amour dans le mariage et que cette lettre de Paul parle d’Amour »

« Ok, Cà devient plus clair. Mais pourquoi ce titre l’amour dans le mariage ? Si on ne s’aime pas, on ne se marie pas, on n’est plus au temps où c’était les familles qui arrangeaient les mariages et si on s’aime on peut se mettre ensemble et même se marier, mais  il n’y a pas besoin de cent pages sur le sujet ! Quand on s’aime, il n’y a plus de problème ». Laetitia était assez fière de sa sortie.

Pour toute réponse, il lui tendit le livre à la page 72 et lui dit qu’ils ne reprendraient cet échange intéressant que lorsqu’elle aurait lu la lettre de Paul.

Et il se plongea dans «Black-out» qu’elle venait juste de terminer.

Le texte n’était pas long et il s’attendait à être rapidement «dérangé». Mais Laetitia continuait à lire en silence…et cela dura au moins une demi-heure, puis elle resta songeuse quelques temps avant de murmurer… « Je ne comprends pas tout, mais cela donne sacrément à réfléchir».

Maurice sentit que les échanges sur cette question étaient loin d’être clos et que sa colocataire qu’il avait jugée de prime abord « frivole» et «sans aspiration très élevée» car elle n’avait pas de formation religieuse (il avait maintenant honte de cette pensée, mais c’était bien sur ce critère qu’il avait fondé son jugement) se révélait en recherche de sens sur des questions aussi importante que l’amour et le mariage. Tout d’un coup il ne se sentit plus très sûr de lui, ni de ses motivations initiales pour ce séjour à deux.

Comme on peut le lire dans  Amoris laetitia «  le Temps est supérieur à l’Espace »…Maurice espérait bien que le Temps allait lui être favorable.

En attendant, ce fût l’espace qui lui donna un petit répit: la chaleur de ce début d’après-midi, les emmena tous les deux aux pays des rêves.