Réponse à la double morale

Questions a la suite des cles d lecture d’Amoris laetita   16 juin 2016  Latran

Sainteté bonsoir  je reviens sur un sujet que vous avez déjà mentionné. Nous savons que comme communautés chrétiennes nous ne voulons pas renoncer aux exigences radicales de l’Évangile de la famille: le mariage comme Sacrement, l’indissolubilité, la fidélité du mariage; et, de l’autre côté, à l’accueil plein de miséricorde vers toutes les situations, aussi le plus difficiles. Comment éviter que dans nos communautés ne naisse une morale double, une exigeante et une permissive, une rigoriste et une laxiste?

Pape François

Les deux ne sont pas vérité: ni le rigorisme ni le laxisme n’est vérité. L’Évangile choisit une autre voie. Pour celle-ci, ces quatre mots : accueillir, accompagner, compléter, discerner sans mettre le nez dans la vie morale des gens. Pour votre tranquillité, je dois vous dire que tout ce qui est écrit dans l’exhortation et je reprends les mots d’un grand théologien qui a été secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le cardinal Schönborn, qui l’a présentée : tout est thomiste, du début à la fin. Et la doctrine est sûre. Mais nous voulons, souvent, que la doctrine sûre ait cette sûreté mathématique qui n’existe pas, ni avec le laxisme, au sens large, ni avec la rigidité. Nous pensons à Jésus: l’histoire est la même, elle se répète. Jésus, quand il parlait aux gens, les gens disaient:  « Celui-ci ne parle pas comme nos docteurs de la loi, il parle comme quelqu’un qui a autorité », cf. Mc 1,22). Ces docteurs connaissaient la loi, et pour chaque cas ils avaient une loi spécifique pour arriver à la fin à environ 600 préceptes. Tout réglé, tout. Et le Seigneur la colère de Dieu je la vois dans ce chapitre 23 de Mathieu, ce chapitre est terrible – par-dessus tout pour moi il me fait impression quand il parle du quatrième commandement et il dit: « Vous, au lieu de donner à manger à vos parents âgés, vous leur dites: ‘Non, j’ai fait la promesse, l’autel vaut mieux que vous « , c’est contradictoire (cf. Mc 7,10 -13). Jésus était ainsi, et il a été condamné par haine, ils lui tendaient toujours des pièges: Est-ce que « Peut on faire ceci ou ne peut-on pas faire cela? ». Nous pensons à la scène de l’adultère, cf. Jn 8,1 -11). Ce qui est écrit reste:  elle doit être lapidée. C’est la morale. C’est clair. Ce n’est pas rigide. Cette morale n’est pas rigide, c’est une morale claire. Elle doit être lapidée. Pourquoi? Pour la sacralité du mariage, la fidélité. Jésus en cela est clair. Le mot est bien adultère. C’est clair. Et Jésus fait un peu faussement l’étonné, il laisse passer le temps, il écrit par terre. Et puis il dit: « A vous de commencer: que le premier d’entre vous qui n’a pas péché, lance la première pierre. » En quoi a-t-il manqué à la loi, Jésus, dans ce cas. Ils sont partis en commençant par les plus vieux. « Femme, quelqu’un t’a-t-il condamnée? Non ? Moi non plus. »

Quelle était la morale ? C’était de la lapider. Alors Jésus est en défaut, il a manqué à la morale. Cela nous fait penser qu’on ne peut pas parler de « rigidité », de « sûreté », d’être mathématique pour la morale qui est la morale de l’Évangile.

Continuons avec les femmes: quand cette dame ou demoiselle [la Samaritaine, cf. Jn 4,1-27], je ne sais pas comment, commença à faire un peu du « catéchisme » et à dire: « Mais est-ce qu’il faut adorer Dieu sur ce mont-ci ou sur celui-là?… ». Jésus lui avait dit: « Et ton mari?… je n’en ai pas » Tu as dit la vérité. » En effet elle avait beaucoup de médailles d’adultère beaucoup de « décorations ». Pourtant, avant d’être pardonnée, elle a été l’ « apôtre » de la Samarie. Et alors comment doit-on faire?
Allons à l’Évangile, allons à Jésus! Cela ne signifie pas jeter l’eau sale avec l’enfant, non, non. Cela signifie chercher la vérité; et que la morale est un acte d’amour, toujours: amour de Dieu, amour du prochain. Et aussi un acte qui laisse place à la conversion de l’autre, qui ne condamne pas immédiatement, qui laisse place.

Par ailleurs, – comme  il y a beaucoup de prêtres ici, vous m’excuserez – mon prédécesseur, non, l’autre, le Cardinal Aramburu, qui est mort après mon prédécesseur, quand j’ai été nommé archevêque m’a donné un conseil: « Quand tu vois qu’un prêtre vacille un peu, qu’il dérape, tu l’appelle et lui dis: Parlons un peu, on m’a dit que tu es dans telle situation, quasi de double vie, je ne sais ‘ – Non, ce n’est pas vrai, non – tu l’interromps et lui dis ‘Écoute-moi: tu vas chez toi, tu y penses, et dans quinze jours tu reviens et on en reparle’; et quinze jours après ce prêtre me disait qu’ il avait eu le temps d’y penser, repenser devant Jésus et de revenir: ‘Oui, c’est vrai. Aide moi!’. » Il nous faut toujours du temps. « Mais, Père, ce prêtre a vécu, et il a célébré la Messe en état de péché mortel pendant ces quinze jours, c’est ce que dit la morale et ce qu’elle Vous dit? ». Qu’est-ce qu’il vaut mieux? Qu’est-ce qu’il a mieux valu? Que l’évêque ait eu cette générosité de lui donner quinze jours pour y repenser, avec le risque de célébrer la Messe en état de péché mortel, est-ce cela le meilleur ou l’autre la morale rigide? Et à propos de la morale rigide, je vous dirai un fait auquel j’ai assisté moi-même. Quand nous étions en théologie, l’examen pour l’écoute de la Confession « ad audiendas », comme cela s’appelait, se faisait en troisième année mais nous, ceux de la seconde année avions la permission d’aller y assister pour nous préparer; et une fois, un cas a été proposé à l’un de nos camarades, celui d’une personne qui va se confesser, mais d’un cas très embrouillé, relatif au septième commandement, « à propos de justice et de droit »; mais c’était vraiment un cas tellement irréaliste que ce camarade, qui était une personne normale, dit au professeur:  « Mais, père, cela ne se trouve pas dans la vie ! »  « Oui, mais c’est dans les livres! ». Cela je l’ai vu moi même.
Source : https://fr.zenit.org/