26 avril 2020 Emmaüs

« Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »

Pourquoi aimons-nous tant ce récit ? Pourquoi rêvons nous d’être un jour à la place d’un des disciples…Pourquoi sommes réjouit par une parole qui en appelle à notre intelligence et qui éclaire notre foi ? Pourquoi nous rendons-nous compte souvent, seulement après coup  que nous venons de vivre un temps  » de présence profonde ». Et pourquoi certaines rencontres ou découvertes nous remettent en route avec assurance, en pleine nuit ?

Au fait, vous avez remarqué que l’image à gauche est une partie d’une icône plus grande que je mets souvent sur le site …et qui présente les deux disciples comme un homme et une femme ! « . Qui sont ils ? Un couple régulier ? Le texte nous donne l’identité de l’un d’entre eux : » L’un des deux, nommé Cléophas ».  Or Jean (Jn 19, 25) donne une femme à ce disciple : »« Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. »  Pourquoi alors Luc ne la nomme-t-il pas ? Par ce que au temps de Jésus le témoignage d »une femme ne valait rien, surtout si elle accompagne son mari comme ici.

L’auberge !

Dans beaucoup de commentaires anciens et récents et même aujourd’hui, on nous parle de cette auberge où les pèlerins s’efforcent de retenir Jésus ! Mais Luc n’en fait pas mention et je ne l’ai trouvé dans aucune des traductions différentes que je connais !  Il n’y a donc pas d’auberge ! D’une part, cette information est un ajout au texte, et d’autre part, ces deux disciples, hommes ou couple se rentre tout simplement à Emmaüs chez eux ! donc dans leur maison :  » Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient« .  Un autre indice vient de la discussion que les disciples avaient lorsque « le voyageur » les  rejoint. Dans les traductions on trouve quelque chose comme ;  » De quoi discutez-vous en marchant ? ». Alors que Soeur Jeanne d’Arc qui traduit au plus près du grec nous écrit ; «  Quels sont ces mots que vous vous envoyiez à la figure« . C’est tout simplement une dispute de couples. Et pourquoi cette altercation ? Car pour la énième fois Marie lui raconte ce que les femmes ont vu au tombeau et lui, comme les apôtres, refuse de la croire, même si il est troublé par leur récit:  Cléophas dit à l’étranger ;  » À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur ». Nous trouvons donc parfaitement cohérent cette vision d’Emmaüs ! Par ailleurs, ces deux disciples reconnaissent instantanément Jésus à la fraction du pain…ils étaient donc là au dernier repas de jésus, cette expérience les a marqué puisque l’amorce du geste de Jésus a suffit à leur rendre présent la figure du ressuscité.

Nous avons trouvé trois icônes représentant cette interprétation, en voici deux de factures différentes. La troisième ressemble à la première, mais les personnages, homme et femme sont différents.

Je ne comprends pas pourquoi cette interprétation est si peu connue, nous l’utilisation très souvent pour introduire une soirée de « dialogue en couple ». Quant’à l’auberge, c’est comme le cheval qui a mis à terre Paul de Tarse sur la route de Damas ! De la pure invention.

Beaucoup de célébrations de la parole qui proposent des « déroulés » pour vivre ces célébrations en famille de confinés, ont choisi les magnifiques tableaux d’Arcabas…Hélas, bien que j’ai eu la chance de rencontrer Arcabas deux fois dans ma vie, je n’ai pas en le temps de  » l’évangéliser » sur cette interprétation et ce sont bien deux hommes qui sont peint, même si l’un semble plus féminin que l’autre.

Dans la célébration de notre paroisse de Bron, après la bénédiction est justement proposée une « lecture » d’une des représentation de la fraction du pain par Arcabas…c’est très intéressant et d’une grande profondeur théologique !

Ce chemin d’Emmaüs cette année, nous fait signe à travers cet temps si particulier que nous vivons…Nos églises sont vidées, l’eucharistie n’est plus vécue que par quelques prêtres avec ou sans vidéos. Mais le corps du Christ est présent dans les célébrations domestiques, dans les mains des soignants, dans les gestes d’entraide de voisins…C’est le chemin de la présence réelle .

Belle semaine à toutes et à tous

sur la route d’Emmaüs avec le christ !