Bénédictions, avant » Fiducia supplicans »
Il y a quelques années, un archevêque en grande tenue avait été photographié en train de bénir une rangée de cannons ! Tandis que les premières bénédictions de couples homosexuels étaient clairement interdites par le magistère de Benoit XVI. J’avais illustré cette douloureuse situation.
Maintenant, ce serait plutôt le contraire :
Le pape François tente régulièrement de s’opposer à toutes les guerres et aux manières fortes de régler les conflits, en implorant les belligérants d’accepter des cessez-le-feu et de favoriser le dialogue, tandis qu’il propose de donner une bénédiction aux personnes homosexuelles vivant en couple ! Quelle confusion !
En tout cas, ce qui est clair c’est que ce document promulgué juste avant Noël n’est pas un cadeau pour tout le monde et l’accueil va du « très favorable » au » proprement satanique « . Les « interviewés » font le grand écart et essaient de rassurer à droite et de tempérer à gauche. La situation en France est déjà très questionnante, mais dans d’autres continents, notamment en Afrique, la rébellion couve ouvertement . Les évêques africains vont essayé de se mettre d’accord sur un texte commun pour donner une orientation pastorale ajustée . Ils ont jusqu’à fin janvier pour le faire. Un élément positif de cette déclaration est sans doute qu’ils vont être obligés d’aborder entre eux ce sujet » tabou ». Peut-être aurons-nous de bonnes surprises ! Et les personnes homosexuelles en Afrique auront peut-être au moins le droit de vivre.
Pour nous, en France, qu’est-ce que ça change ? Pourquoi ce document a-t-il été fait? Voici toutes les explications sous forme du petit catéchisme de notre enfance en quinze questions-réponses sur le site de Zenit.
Même si l’annonce a surpris tout le monde et nous les premiers, le pape avait déjà donné des signes , depuis son fameux » qui suis-je pour juger« . Celui qui a écrit Evangelii Gaudium, qui sait « ôter ses sandales devant la terre sacrée de l’autre » est un véritable pasteur. Dans Amoris Laetitia, il invite sans se lasser les communautés à accueillir, accompagner discerner et intégrer. Mais l’accueil ne suffit pas si le chemin conduit à une impasse.
Voici une longue analyse de René Poujol sur l’impacte de ce texte dans l’ensemble de la pastorale de François sur les » situations » dites irrégulières.
Pour les accompagnateurs de la pastorale des personnes divorcées engagées ou non dans une nouvelle union, ce texte ne change rien et même , interprété à la lettre, il pourrait nous faire revenir en arrière !
Je m’explique: Lorsqu’un couple en nouvelle union vient frapper à la porte d’une paroisse pour demander « un petit truc l’Eglise, une petite bénédiction », il ne sait pas, généralement, ce « à quoi il a droit », d’autant plus que les accueils varient de 0 à 10 sur l’échelle Amoris laetitia ! De « pour faire la fête vous n’avez pas besoin de l’Eglise » à « Entrer, asseyons nous, voyons ensemble ce que vous souhaitez, nous pourrons ensuite vous proposer un accompagnement pour vivre un temps de prière« , il y a toutes les nuances d’interdictions, de restrictions, de craintes de la confusion, d’à priori et de pieux jugements !
Depuis longtemps, notre ami Guy de lachaux a exploré cette pastorale et a écrit plusieurs ouvrages pour donner des réponses et des aides pratiques aux accompagnateurs. Tant de personnes lui sont redevables d’un accompagnement, ou d’une formation, en particulier pour préparer et vivre un temps de prière. En France, ces propositions pastorales sont autorisées par la CEF depuis 2002, avec un cortèges de restrictions dont le but est d’éviter la confusion avec « un vrai mariage à l’Eglise » , mais qui est présenté parfois de manière tellement maladroite que le couple s’enfuit très vite et ne reviens pas !
Dans les accompagnements que nous proposons il y a plusieurs rencontres avec le couple pour que ceux qui s’engagent dans une nouvelle union réfléchissent tranquillement : Famille recomposée parfois, questions nouvelles, déménagement, gestions des « lien antérieurs » , projet de vie, proximité avec l’Eglise…afin de bâtir » sur le roc » pour la durée. Alors, sur la base de tous ces échanges, un temps de prière peut se mettre en place et l’accompagnateur va pouvoir « naviguer » entre les « très peu nombreuses interdictions » ( l’échanges des consentements et des alliances) pour proposer un beau moment de prières, de paroles : la Parole de Dieu, celles du couple et même celles des enfants ou des familles. Un beau temps de pacification sous le regard du Seigneur! Une bénédiction termine le temps et envoie le nouveau couple en mission.
Cet accompagnement nous parait clairement se situer dans la ligne d’Amoris laetitia, et nous craignons fort que les propositions de bénédiction proposées par le texte du dicastère, effectués par un prêtre miséricordieux au cours d’un pèlerinage ou d’une » belle rencontre » inopinée, ne reste un geste de bénédiction un peu magique et désincarné . Et surtout, conforte le prêtre dans un rôle de pouvoir, pouvoir bénir par exemple, alors qu’Amoris laetitia parle d’abord d’accompagnement des personnes, ce qui peut être conduit par des laïcs à qui il n’est pas interdit d’ailleurs de bénir en raison de leur état objectif de baptisés.
François parle sans cesse de décléricalisations,
Chez nous, plus il en parle, plus fleurissent les soutanes ! Une étude vient de sortir expliquant que » Près des trois quarts ( des séminaristes) envisagent de porter la soutane, au moins occasionnellement, la moitié régulièrement. Ils pensent que c’est une « manifestation de la culture contemporaine, à l’image du port du voile pour les jeunes musulmanes ou de la kippa pour les jeunes juifs, dans un désir d’assumer une visibilité ».
Mais si la soutane, ne fait pas le prêtre, elle y contribue et cette visibilité assumée se conjugue parfois avec une attitude de « sachant » et de rigueur doctrinale loin de la pédagogie divine proposée par François dans Amoris laetitia.
Heureusement, c’est bientôt Noël et c’est généralement la trêve des infos du Vatican, et donc des nouvelles déclarations du préfet pour la doctrine de la foi. Cette fois, le pavé dans la mare était très lourd et le tsunami médiatique va mettre du temps à se calmer.
Synode quotidien 